ZAFEM : l’ivresse du sommet, le vertige de la chute
- Joel Agoudou
- 4 avr.
- 2 min de lecture
Par Joël Agoudou | Chronique – Le Reflet
Révélé comme un phénomène incontournable du compas, le groupe Zafem a électrisé les foules avec un album salué à l’unanimité. Cependant, derrière cette ascension fulgurante se cachent des failles inquiétantes, mises au jour par la critique d’art Emmelie Laferrière lors d’un entretien exclusif avec LE REFLET.

Derrière le succès se cache le duo Dener Ceide – Reginald Cangé, dont l’alliance artistique semblait promise à une longévité exceptionnelle. Reginald Cangé s’est imposé comme la voix emblématique du groupe, tandis que Dener Ceide, alors discret, révélait une vision stratégique et artistique, déjà perceptible par les initiés du compas, notamment ceux qui se rappellent son passage dans le légendaire Tabou Combo.
L’album, diffusé massivement sur les ondes et les plateformes numériques, a marqué une époque. Mais le passage sur scène a révélé un manque de cohésion préoccupant, où la magie du studio ne parvenait pas à se retranscrire en émotions live. Selon Laferrière, cette défaillance technique n’était que le symptôme d’un mal plus profond.
Dener Ceide, grisé par la réussite, impose désormais des conditions financières jugées intolérables par les promoteurs. En négociant en solitaire – sans concertation avec le manager ou les représentants locaux, tant en Haïti qu’aux États-Unis – il adopte une posture qu’elle qualifie d’« homme-argent » obsédé par le profit immédiat. Ce choix rigide a non seulement refroidi les partenaires commerciaux, qui se tournent vers des alternatives comme Nu-Look ou Klass, mais a également fragilisé l’unité du groupe.
Dans cette dynamique, Reginald Cangé, véritable pilier vocal de Zafem, semble lentement éclipsé par une logique individualiste qui fait fi de la cohésion artistique et humaine. Une dérive d’autant plus criante que les messages forts de titres comme Laline ak Soley ou Dlo Dous, porteurs d’harmonie et de sensibilité, contrastent avec l’attitude de gestion de Dener Ceide.
Pour Emmelie Laferrière, le redressement de Zafem passe par un retour à l’essence même de la musique : moins d’égo, plus de dialogue et une volonté de renouer avec des valeurs humaines authentiques. Le sommet n’est jamais acquis, et l’avenir du groupe dépend de sa capacité à réinventer son équilibre, en redescendant sur terre pour jouer collectif.
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