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Haïti - Insécurité : plus de 1 200 morts en trois mois, selon un rapport du BINUH

Le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) a publié cette semaine son rapport trimestriel sur la situation des droits humains dans le pays, couvrant la période de juillet à septembre 2025. En seulement trois mois, 1 247 personnes ont été tuées et 710 blessées, un chiffre qui illustre la persistance d’un climat de violence généralisée.

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Selon le document, les gangs armés demeurent les principaux responsables de ces violences, impliqués dans près de 30 % des cas, tandis que 61 % des victimes ont péri lors d’opérations des forces de sécurité et 9 % dans des actes de « justice populaire » liés au mouvement Bwa Kalé. Les hommes représentent 83 % des morts, contre 14 % de femmes et 3 % d’enfants.


Le BINUH précise que Port-au-Prince concentre 76 % des victimes, suivie de l’Artibonite (17 %) et du Centre (5 %).


Par rapport aux deux premiers trimestres de 2025, une légère accalmie est observée dans la capitale, où certains gangs ont été repoussés de Delmas 19, Turgeau et de la Route de l’Aéroport. Cependant, cette pression sécuritaire a provoqué un déplacement des groupes armés vers les zones rurales, notamment dans le Centre et l’Artibonite. Des attaques particulièrement meurtrières ont été signalées à Carrefour, Gressier, Arcahaie et L’Estère, où plus d’une centaine de civils ont été exécutés.


Le rapport souligne également le rôle ambivalent des groupes d’autodéfense, qui, tout en repoussant parfois les gangs, se sont rendus coupables de graves exactions. Le mouvement Bwa Kalé, symbole d’une justice populaire incontrôlée, a causé 150 morts et 15 blessés, principalement à Port-au-Prince et dans l’Artibonite. Pour le BINUH, ces dérives traduisent l’effondrement de la confiance envers l’État et l’absence d’une véritable autorité sécuritaire dans plusieurs régions du pays.


Les forces de sécurité, de leur côté, ont intensifié leurs opérations au sol et par drones. Le rapport fait état de 700 morts et 421 blessés lors de ces interventions, contre 814 morts et 449 blessés au trimestre précédent. Si cette baisse semble notable, le BINUH dénonce toutefois un usage excessif de la force, responsable de 17 % des victimes civiles.


Par ailleurs, huit policiers ont été tués et 17 blessés, tandis que 39 civils ont péri dans des frappes de drones. Les Nations unies ont également documenté 79 exécutions extrajudiciaires, dont 64 attribuées à la police et une au commissaire du gouvernement de Miragoâne.


Les violences sexuelles demeurent endémiques. Entre juillet et septembre, 341 incidents ont été enregistrés, impliquant 400 survivants : 340 femmes, 59 filles, un homme et quatre victimes tuées. Ces crimes, souvent perpétrés dans des zones sous contrôle de gangs, s’accompagnent de cas d’exploitation d’enfants, certains âgés de 13 à 17 ans.


Le BINUH estime que plus de 302 enfants ont été enrôlés par des groupes armés depuis 2024, un chiffre jugé largement sous-évalué.


Concernant les enlèvements, 145 cas ont été recensés durant le trimestre : 46 % dans l’Artibonite, 45 % à Port-au-Prince et 8 % dans le Centre. Toutefois, l’organisation souligne que ces chiffres sont probablement plus élevés, de nombreuses familles préférant négocier directement avec les gangs plutôt que de signaler les cas à la police.


Malgré une baisse relative par rapport aux 1 520 morts et 609 blessés du trimestre précédent, le BINUH alerte sur la persistance d’un niveau de violence extrême et appelle les autorités à restaurer l’autorité de l’État, à renforcer la protection des civils et à accélérer les réformes judiciaires.


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