Le dernier triomphe de Zamy Wanderson, brisé par une balle
- Joel Agoudou
- 10 sept.
- 2 min de lecture
Chronique By LE REFLET
Il avait 19 ans. Un âge où la vie commence à s’ouvrir, où chaque victoire scolaire prend la saveur d’un pas décisif vers l’avenir. Zamy Wanderson venait de réussir son baccalauréat, décrochant 1130 sur 1900. Ce chiffre, au-delà d’une simple note, portait en lui la promesse d’un futur construit sur le travail, la discipline et l’espoir.

Mais ce triomphe n’aura été qu’une lueur éphémère. Le 18 août dernier, à Delmas 83, une balle venue d’un agent de sécurité du MENFP a fauché son destin. Une balle perdue, dit-on. Non, une balle qui a détruit une vie, une famille, une communauté.
Zamy n’était pas qu’un étudiant brillant. C’était un passionné de basketball, un jeune qui faisait vibrer les réseaux sociaux de son énergie et de son humour. Un visage de la jeunesse haïtienne : plein de rêves, d’idéaux et d’ambitions. Sa disparition brutale a transformé la joie de sa réussite scolaire en un cri de douleur collective. Ses amis, ses proches, ses camarades, tous se sont rassemblés dans une marche silencieuse mais chargée de colère, pour dire que sa mort n’était pas une fatalité, mais une tragédie évitable.
Le 25 août, l’Église Saint-Pierre de Pétion-Ville s’est emplie de larmes et de prières. Ce jour-là, la communauté éducative, les familles et les amis ont rendu hommage à un jeune homme dont le nom restera gravé non pas pour le chemin qu’il a parcouru, mais pour celui qu’on lui a arraché.
Depuis, le MENFP annonce des sanctions, l’arrestation d’un agent, mais la justice, elle, tarde à dire son mot. Et pendant ce temps, le vide laissé par Zamy ne se comble pas. Ses camarades auraient dû l’applaudir le 9 septembre, partager avec lui l’excitation de la rentrée post-bac. À la place, ils pleurent un ami, un frère, un symbole.
Car oui, Zamy est devenu symbole. Symbole d’une jeunesse haïtienne condamnée à voir ses rêves brisés par la violence. Symbole d’une société qui, au lieu de protéger ses enfants, les expose à la mort.
Et si son dernier triomphe n’a pas été de brandir son diplôme, il restera peut-être dans la mémoire collective comme celui d’avoir réveillé nos consciences.
Le Reflet







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