Uruguay : décès de l’ancien président José Mujica à 89 ans
- Joel Agoudou
- 13 mai
- 2 min de lecture
L’Uruguay pleure l’un de ses plus grands symboles. L’ancien président José « Pepe » Mujica est décédé ce mardi 13 mai 2025 à l’âge de 89 ans, des suites d’un cancer de l’œsophage diagnostiqué en mai 2024. La nouvelle a été confirmée par le président Yamandú Orsi, qui a rendu hommage à un homme « inoubliable », saluant sa mémoire de président, de militant et de conscience morale de la nation.

Président de la République de 2010 à 2015, Mujica s’était imposé comme une figure internationale de la politique alternative. Après son mandat, il avait brièvement siégé au Sénat avant de se retirer de la vie publique en 2020, invoquant des raisons de santé et la pandémie de Covid-19.
Ancien guérillero des Tupamaros dans les années 1960, Mujica avait passé près de treize années derrière les barreaux, dont plusieurs en isolement, sous la dictature militaire (1973-1985). Ces années d’épreuve ont forgé chez lui une détermination à toute épreuve et un attachement indéfectible à la justice sociale.
Son mandat présidentiel a été marqué par des réformes audacieuses et pionnières : légalisation du cannabis (une première mondiale en 2013), autorisation du mariage homosexuel, légalisation de l’avortement. Fidèle à ses principes, il refusait les privilèges liés à sa fonction, reversant la majeure partie de son salaire à des programmes sociaux, notamment en faveur du logement. Il continuait à vivre dans sa modeste ferme à la périphérie de Montevideo et se déplaçait au volant de sa célèbre Coccinelle Volkswagen.
Philosophe stoïcien, homme de parole libre et de grande simplicité, Mujica a conquis l’admiration bien au-delà des frontières de son pays. Toutefois, son mandat n’a pas été exempt de critiques : déficit budgétaire croissant, inflation persistante et manque de réformes dans les secteurs de la santé, de la sécurité ou des infrastructures.
Mujica partageait sa vie avec Lucía Topolansky, ancienne camarade de lutte, devenue sénatrice puis vice-présidente (2017-2020). Ensemble, ils formaient un couple emblématique de la gauche uruguayenne. « Lucía est le plus grand succès de ma vie », confiait-il avec tendresse.
Dans l’une de ses dernières prises de parole, il déclarait avec lucidité : « Mon cycle est terminé. Clairement, je suis en train de mourir. Le guerrier a droit à son repos. » Il avait exprimé le vœu d’être enterré dans son jardin, sous un arbre qu’il avait lui-même planté, aux côtés de sa fidèle chienne Manuela. Une fin simple, digne de l’homme qu’il a été jusqu’au bout.
LE REFLET
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