Une insulte à la justice : le scandale d’un retour envisagé de Youri Chévry à la mairie.
- Le Reflet
- 18 déc. 2024
- 2 min de lecture
La possible réinstallation de l’ancien maire de Port-au-Prince, Youri Chévry, à son poste, alors qu’il est activement recherché par la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), dépasse l’entendement. Cette décision, susceptible d’être discutée lors du Conseil des ministres ce mercredi 18 décembre 2024, incarne une dérive inquiétante de la gouvernance haïtienne, où les logiques de pouvoir semblent prévaloir sur la justice et l’éthique publique.

Un mépris ouvert pour la justice
Comment expliquer qu’un individu sous le coup d’un mandat d’arrêt puisse être proposé pour diriger à nouveau la plus grande municipalité du pays ? Un tel choix constituerait une gifle non seulement à l’État de droit, mais aussi à la crédibilité d’une justice haïtienne déjà fragilisée par des années d’abus et d’impunité. Si Youri Chévry est effectivement réinstallé, le message serait clair : en Haïti, être recherché par la police n’est pas un obstacle, mais une opportunité politique.
Une manœuvre politique désespérée
Cette démarche semble avant tout être une manœuvre politique destinée à satisfaire des intérêts personnels ou à apaiser des factions influentes. Pourtant, ce calcul pourrait s’avérer périlleux pour un gouvernement déjà affaibli par les critiques. Comment regagner la confiance d’une population exaspérée si les postes-clés continuent d’être attribués à des individus controversés, au mépris des principes de transparence et de responsabilité ?
Une atteinte à la dignité citoyenne
La population de Port-au-Prince, confrontée à des défis quotidiens tels que l’insécurité, le chômage et la dégradation des infrastructures, mérite mieux qu’un maire faisant l’objet de poursuites judiciaires. Réinstaller Youri Chévry reviendrait à piétiner les attentes légitimes des citoyens pour une gestion locale éthique et efficace. Une telle décision contribuerait à aggraver le désespoir ambiant, alimentant un sentiment de trahison et de désillusion envers les institutions.
Un précédent dangereux
Si cette décision venait à se concrétiser, elle créerait un précédent extrêmement préoccupant. Cela prouverait que la corruption, les soupçons d’abus de pouvoir et même les poursuites judiciaires ne sont pas des freins à l’exercice de fonctions publiques. Un tel signal serait désastreux pour ceux qui croient encore en un possible renouveau politique en Haïti.
Le silence complice de certains acteurs
Les organisations de la société civile et les acteurs politiques, souvent prompts à dénoncer de telles dérives, se montrent curieusement silencieux face à cette affaire. Ce manque de mobilisation pourrait ouvrir la voie à un gouvernement prêt à sacrifier les principes démocratiques sur l’autel des intérêts partisans.
Une décision à haut risque
Si le Conseil des ministres de ce mercredi validait la réinstallation de Youri Chévry, le gouvernement commettrait une faute stratégique et morale grave. Une telle décision creuserait davantage le fossé entre les dirigeants et le peuple, renforçant l’image d’un État incapable de garantir la justice et la reddition de comptes.
Loin de répondre aux attentes des citoyens, cette initiative risquerait d’attiser la colère populaire et d’affaiblir encore davantage les bases déjà fragiles de la République. Il appartient désormais au gouvernement de choisir entre la défense des valeurs républicaines et la perpétuation d’un système gangrené par l’impunité.
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