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Retour forcé à Delmas, Nazon et Solino : espoir fragile ou piège mortel des gangs ?

Une annonce inattendue de Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », a récemment semé le doute dans l’esprit des déplacés de Delmas, Nazon et Solino. Le 25 août 2025, à travers les réseaux sociaux, le chef de la coalition criminelle « Viv Ansanm » a invité les habitants à regagner leurs domiciles, assurant que la paix était désormais possible.

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Port-au-Prince, 27 août 2025. – Les premières images, diffusées par des vidéos amateurs, dressent un tableau glaçant : maisons incendiées, rues désertées, ordures accumulées, infrastructures démolies et domiciles pillés jusque dans leurs moindres recoins. Derrière ce prétendu geste de réconciliation se cache davantage une opération de communication qu’une véritable volonté de paix.

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Des témoignages poignants illustrent la tragédie. « Tout a été volé, même les portes », raconte un ancien résident de Solino. Les vidéos montrent des dégâts colossaux : portes et fenêtres arrachées, céramiques brisées, murs noircis par les flammes.

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Le Syndicat de la Police nationale d’Haïti (SPNH-17) a dénoncé sans détour l’initiative de Barbecue, la qualifiant de « coup de théâtre » et de manœuvre de manipulation. Selon eux, les gangs cherchent à redorer leur image tout en gardant leur mainmise sur les territoires.

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Pourtant, des centaines de déplacés ont défilé pacifiquement afin de revendiquer leur droit de rentrer chez eux et de vivre dans la dignité. Leur slogan – « Yon ti chans, geto yo vle reviv » – a retenti comme un cri de désespoir. Mais cette volonté de renaissance se heurte à une réalité brutale : l’absence totale de garanties de sécurité et le silence assourdissant des autorités étatiques.


Ce scénario met en lumière une vérité inquiétante : sans un État fort, ce sont les gangs qui dictent les conditions du retour. Le danger est grand que cette paix proclamée ne soit qu’un leurre, un piège destiné à maintenir la population sous contrôle. L’exemple de Carrefour-Feuilles, où les habitants furent rappelés puis chassés à nouveau, reste gravé dans les mémoires.


Il serait donc illusoire de parler de victoire. Ce retour annoncé ressemble plutôt à une épreuve de résilience pour une population abandonnée, et à un miroir tendu à une société incapable de se reconstruire. Dans des zones comme Croix-des-Bouquets, Marin ou Cité Soleil, les habitants survivent sous la loi des gangs, obligés de cohabiter avec ceux qui imposent, rackettent et tuent en toute impunité.


Sous l’œil complice ou défaillant des dirigeants, les familles déplacées se retrouvent telles des brebis livrées aux loups. Car la paix ne peut être décrétée par ceux qui ont semé la terreur. Elle doit être bâtie sur la justice, la vérité et une sécurité réelle.


Le Reflet

 
 
 

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