Quand l’urgence frappe pour de faux… et dévoile tout : retour sur le SIMEX 2025
- Joel Agoudou
- 9 sept.
- 3 min de lecture
Deux jours d’intense simulation dans le Sud-Est haïtien ont exposé les forces et les failles du système national de réponse aux catastrophes. Entre coordination numérique, improvisation sur le terrain et ambitions renouvelées, la Protection civile se prépare à l’imprévisible.

Par Le Reflet – 9 septembre 2025
Jacmel — Pendant deux journées intenses, le Sud-Est du pays a vécu au rythme d’un cyclone… fictif. Pas de rafales de vent ni de pluies diluviennes, mais une opération grandeur nature orchestrée par la Direction générale de la Protection civile (DGPC) pour tester la capacité de réponse du pays en cas de catastrophe majeure. Nom de code : SIMEX 2025. Une simulation redoutablement sérieuse, qui a révélé bien plus que prévu.
Un cyclone simulé, des réflexes bien réels
Placé sous le thème « Konesans sou risk, sove lavi », l’exercice avait pour but de renforcer la préparation des acteurs locaux. Dans une région régulièrement frappée par les ouragans, il ne s’agissait pas simplement d’un entraînement technique, mais d’un véritable test de résilience collective.
La première journée, le samedi 6 septembre, a été consacrée à des exercices théoriques et de table, permettant aux participants de revoir les protocoles de réponse en cas de catastrophe. Le lendemain, les choses se sont accélérées : Bainet, Marigot et Jacmel sont entrées en mode urgence, dans un scénario fictif de cyclone imminent.
À Bainet, une vingtaine de brigadiers et d'autorités locales ont été mobilisés sur des sites clés. À Marigot, plus de soixante participants ont été déployés dans des zones sensibles : plage, centre de santé, bureau communal de la protection civile. Une dizaine de figurants ont même joué le rôle de victimes pour accentuer le réalisme de l'exercice.
À Jacmel, l’exercice a pris une autre dimension : la Croix-Rouge a été transformée en Centre d’opérations d’urgence départemental (COUD), tandis que le véritable COUD a simulé le Centre d’opérations d’urgence national (COUN). En tout, près de 70 responsables ont participé activement à la coordination, à l’analyse de données et à la communication stratégique.
Une conférence de presse fictive a également été organisée, simulant la gestion officielle de l’information en situation de crise. Un test crucial, dans un pays où la circulation de l’information en période de catastrophe reste un défi.
Le SIMEX 2025 a été l’occasion de tester la coordination en temps réel entre les sites, grâce à l’usage des technologies numériques. Les données circulaient du terrain vers le COUD, puis vers le COUN, à travers des plateformes de communication en ligne.
Mais les limites du système n’ont pas tardé à apparaître : pannes de connexion, zones sans couverture Internet, lenteurs dans la transmission des informations… Autant de vulnérabilités qui, dans un contexte réel, pourraient coûter des vies.
Emmanuel Pierre, directeur général de la DGPC, l’a reconnu sans détour :
« Les informations en temps réel sauvent des vies. On ne peut pas dépendre uniquement d’un réseau fragile. »
Des alternatives comme les téléphones satellites et les radios VHF ont été testées, mais leur usage reste limité. Le besoin de renforcer les infrastructures techniques est plus urgent que jamais.
Un directeur général satisfait, mais lucide
Malgré ces défis, Emmanuel Pierre s’est dit satisfait de la mobilisation observée sur le terrain.
« Depuis 2019, nous investissons dans nos ressources humaines. Cela renforce nos capacités locales et réduit notre dépendance aux experts étrangers », a-t-il rappelé.
Le choix du Sud-Est n’était pas anodin







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