Quand l’incompétence s’installe : Sinal Bertrand détruit le peu qui restait au MSPP
- Joel Agoudou
- 19 mai
- 2 min de lecture
Par Le REFLET
Haïti traverse l’une des pires crises sanitaires de son histoire contemporaine. Et pourtant, c’est dans ce contexte d’urgence que le Ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) est confié à un homme dont l’incompétence fait aujourd’hui consensus. Depuis plus de quatre mois, le Dr Sinal Bertrand occupe le poste de ministre de la Santé. Mais son passage à la tête de cette institution vitale est marqué par l’inaction, l’improvisation, et selon plusieurs témoignages, un mépris flagrant pour les réalités sanitaires du pays.

Nommé non pas sur la base de compétences médicales, mais par le biais de connexions politiques, notamment avec les parrains économiques de l’accord du 21 décembre, Sinal Bertrand est vu comme le produit d’un marchandage partisan. Il fut d’abord membre du cabinet du ministre Georges Brignol-Fils, puis de celui du Dr Duckenson Lorthe Blema – deux ex-ministres contestés mais qui, malgré leurs limites, avaient tenté d'agir : Brignol-Fils en réactivant les travaux du Sanatorium, Blema en se concentrant sur l’Hôpital général et celui de Chancerelles.
En revanche, depuis la nomination de Sinal Bertrand, aucun plan de sauvetage du secteur hospitalier n’a été annoncé. Aucun programme sérieux de santé publique n’a été lancé. Le ministre semble plus préoccupé par des missions internationales coûteuses, entouré de délégations surdimensionnées, aux titres douteux. Pendant ce temps, le pays s’enfonce dans une tragédie sanitaire silencieuse : rupture de médicaments antirétroviraux, hôpitaux fermés, médecins impayés, et patients livrés à eux-mêmes.
Le témoignage d’une employée du ministère, requérant l’anonymat, est glaçant : « Nou rele li "ti minis gran dòmi". Li toujou ap dòmi oswa bwè. Li pa gen okenn vizyon. » Accusations d’alcoolisme en service, favoritisme, usage abusif des ressources de l’État, comportement inapproprié avec le personnel, et absence totale de leadership : le tableau est accablant.
Depuis janvier 2025, les patients vivant avec le VIH n'ont reçu aucun traitement dans plusieurs départements du pays. Les médecins sont sans salaire depuis des mois. Des décisions administratives sont prises hors cadre légal, au mépris des règlements. Le MSPP, jadis perçu comme un bastion de technocratie, est aujourd’hui vidé de sa substance.
La question est désormais posée avec insistance : jusqu’à quand Sinal Bertrand restera-t-il à la tête du MSPP ? Qui aura le courage de mettre fin à cette imposture sanitaire ?
Haïti mérite un système de santé digne, dirigé par des professionnels intègres et compétents. Ce n’est plus une exigence politique, c’est une urgence nationale.
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