Quand l’Afrique frappe à nos portes, Haïti détourne le regard : L’indifférence face à la visite de Kemi Seba
- Joel Agoudou
- 1 juin
- 2 min de lecture
Par Joël Agoudou | Le REFLET
Le mercredi 22 janvier 2025, le président colombien Gustavo Petro a foulé le sol haïtien et a été accueilli avec tous les égards : protocole officiel, conférence de presse, présence d’autorités gouvernementales… Une mise en scène diplomatique classique, presque attendue. Mais quelques mois plus tard, un autre visiteur, porteur d’un message autrement plus profond pour l’âme haïtienne, est arrivé en Haïti dans un silence assourdissant : Kemi Seba, figure majeure du panafricanisme contemporain, militant engagé contre la domination néocoloniale et ardent défenseur de la dignité noire.

En visite en Haïti du vendredi 30 mai au lundi 2 juin 2025, Kemi Seba sillonne principalement le Nord du pays. Pourtant, aucune réception officielle, aucune reconnaissance publique, aucun représentant du Conseil présidentiel de transition (CPT) ni du gouvernement n’est venu à sa rencontre. Une absence lourde de sens, qui soulève des questions profondes.

Et pourtant, ce lundi 2 juin 2025, une conférence majeure est prévue à l’Université d’État d’Haïti, sur le campus Henry Christophe de Limonade, autour d’un thème fondamental :
« Le panafricanisme, ultime option pour la reconstruction d’Haïti ».
Un sujet brûlant d’actualité dans un pays plongé dans une crise politique, sociale et identitaire profonde. Alors que la communauté internationale impose ses solutions, que les élites cherchent le salut au-delà des mers, une voix d’Afrique se lève pour proposer une autre voie : celle de la réappropriation, de la souveraineté, de la solidarité noire.
Le contraste est frappant. D’un côté, un chef d’État sud-américain accueilli avec tous les honneurs, malgré les cicatrices historiques que partagent nos deux nations. De l’autre, un frère de combat, un intellectuel noir qui fait vibrer les consciences à travers le monde, réduit au silence institutionnel en Haïti.
Comment la première République noire de l’histoire peut-elle ignorer l’un des plus fervents défenseurs de l’héritage africain et de la liberté des peuples ? La question mérite d’être posée. Est-ce la peur de son discours franc et direct ? Est-ce le rejet d’un message qui dérange les puissances installées ? Ou est-ce simplement le reflet d’une élite politique désorientée, déconnectée de ses racines et fascinée par l’Occident ?
Mais Kemi Seba ne vient pas chercher des honneurs. Il vient semer des idées. Il vient éveiller les consciences d’une jeunesse en quête d’orientation, dans un pays qui a tant de fois oublié qu’il fut un flambeau pour les peuples opprimés.
Et malgré le silence officiel, son message passe. Dans les rues de Cap-Haïtien, dans les cercles universitaires, sur les réseaux sociaux, sa présence est remarquée. Oui, les autorités l’ont ignoré, mais le peuple, lui, commence à l’écouter.
Son séjour n’est pas encore terminé, mais déjà, il laisse une empreinte. Une empreinte qui, à défaut d’avoir été saluée par les dirigeants, s’impose dans les cœurs de ceux qui n’ont pas renoncé à rêver d’une Haïti forte, libre et africaine dans son âme.
Haïti a raté une occasion historique. L’histoire, elle, n’oubliera pas.
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