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Projet de sécurité privée en Haïti : un ancien militaire soulève des zones d’ombre

Par Joël Agoudou | LE REFLET


Alors que la crise sécuritaire s’aggrave en Haïti, un projet d’intervention militaire privée fait planer de sérieuses inquiétudes. Rod Joseph, vétéran haïtiano-américain et expert en sécurité basé en Floride, alerte sur une initiative portée par Erik Prince, ex-dirigeant de la sulfureuse entreprise militaire Blackwater. D’après lui, Prince chercherait à déployer des troupes paramilitaires en Haïti, sans encadrement officiel des États-Unis ni autorisation claire des autorités haïtiennes.



Des échanges entre les deux hommes remontent à la fin de 2024. Erik Prince aurait évoqué l’envoi d’hommes armés recrutés au Salvador, appuyés par trois hélicoptères, pour intervenir contre les gangs. Il aurait même demandé à Joseph une liste de vétérans haïtiano-américains prêts à rejoindre la mission. Face à l’opacité du projet et à l’absence de cadre légal, Joseph dit avoir catégoriquement refusé de collaborer.


« Au départ, cela semblait soutenu par les autorités américaines », confie-t-il. « Mais j’ai vite compris qu’il agissait seul, en marge de toute supervision officielle. » Cette absence de transparence ouvre, selon lui, la voie à des dérives graves et à des violations potentielles du droit international.


Déjà actif dans la formation de policiers haïtiens à l’utilisation de drones, Rod Joseph plaide pour une coopération sécuritaire encadrée, transparente, et fondée sur un accord entre les États-Unis et Haïti. « La lutte contre les gangs ne peut reposer sur des initiatives privées, sans contrôle démocratique », insiste-t-il.


Cette alerte est partagée dans les milieux de la sécurité. Sean McFate, chercheur à la National Defense University et spécialiste des conflits asymétriques, rappelle la réputation controversée d’Erik Prince. « Il est perçu comme un entrepreneur militaire opportuniste, habitué à contourner les règles. Sans encadrement, c’est la porte ouverte aux abus », prévient-il.


Le silence des autorités américaines et haïtiennes sur cette initiative renforce l’inquiétude. Dans un pays déjà fragilisé par l’insécurité et la défiance institutionnelle, l’introduction de troupes privées, sans supervision internationale claire, pourrait aggraver la situation au lieu de la stabiliser.


Rod Joseph appelle à une prise de position ferme : « Sans cadre légal précis, sans transparence, sans coordination entre gouvernements, une telle opération est inacceptable. »

 
 
 

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