Professionnels de santé : Haïti parmi les pays les plus touchés des Amériques

Haïti paie un lourd tribut à la crise sécuritaire qui sévit depuis la montée en puissance des gangs armés. Cette situation affecte profondément le système professionnel, notamment dans le secteur de la santé. Un rapport publié cette semaine par l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) révèle une pénurie alarmante de personnel médical dans 14 des 39 pays des Amériques, dont Haïti. Sans action immédiate, la région pourrait faire face à un déficit de 600 000 à 2 millions de professionnels de santé d’ici à 2030.

Intitulé The Health Workforce in the Americas, le rapport met en lumière de profondes inégalités entre les pays. Alors que la moyenne régionale est de 66,57 professionnels de santé pour 10 000 habitants, Haïti n’en compte que 6,38 — un chiffre largement inférieur au seuil de 44,5 fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

La situation est particulièrement critique en ce qui concerne les infirmières : Haïti affiche l’un des taux de densité les plus faibles, avec seulement 3,84 infirmières pour 10 000 habitants, contre 131,5 aux États-Unis. Ce déséquilibre compromet gravement l’accès aux soins, notamment dans les zones rurales.

Le rapport souligne également la rareté d'autres catégories de personnel, telles que les sages-femmes, psychologues ou agents de santé communautaire. Dans de nombreux pays, y compris Haïti, ces professionnels sont peu nombreux, voire absents, malgré leur rôle essentiel dans les soins de santé primaires.

Plusieurs facteurs expliquent cette pénurie : faibles capacités de formation, migration du personnel vers l’étranger, vieillissement de la main-d’œuvre et mauvaise répartition géographique. Haïti, comme d’autres pays caribéens, est particulièrement vulnérable à l’exode de ses soignants.

L’OPS appelle les États à renforcer leurs systèmes d'information sur les ressources humaines, à former davantage de professionnels — notamment des sages-femmes et des psychologues — et à adopter des politiques de rétention du personnel.

Sans investissements ciblés et durables, avertit le rapport, des pays comme Haïti risquent un effondrement progressif de leur système de santé. L’organisation plaide pour une coopération régionale afin d’assurer un accès équitable à des soins de qualité.

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