Pendant qu’Haïti brûle, le Conseil présidentiel regarde l’Inde
- Joel Agoudou
- 24 avr.
- 2 min de lecture
Dans un pays où des citoyens dorment à même le sol des rues pour fuir les balles, où les hôpitaux ferment faute de sécurité, où l’État a abdiqué devant les gangs, le Conseil présidentiel de transition (CPT) a jugé opportun de publier, ce mercredi, un communiqué solennel pour condamner une attaque survenue en Inde, à Pahalgam, dans la région du Jammu-et-Cachemire, ayant fait plusieurs dizaines de victimes.

L’Inde, ce géant asiatique situé à des milliers de kilomètres de notre réalité. Un pays dont la majorité de la population ignore jusqu’à l’existence du CPT. Un pays qui, jusqu’à présent, n’a jamais exprimé la moindre solidarité envers Haïti, malgré les centaines de morts, les vagues de déplacés internes, les femmes violées, les écoles fermées et l’anarchie totale qui ravage notre territoire.
Et pourtant, nos dirigeants jugent utile – et même urgent – de se mobiliser pour dénoncer une attaque à Pahalgam, dans le Jammu-et-Cachemire. Un geste diplomatique totalement déconnecté de l’urgence nationale. Un communiqué creux, qui sonne comme une tentative maladroite de se donner une stature internationale, alors qu’ils sont incapables d’exercer le moindre contrôle sur la situation locale.
Le peuple haïtien attend toujours des mesures concrètes pour contrer les gangs — seul espoir pour les habitants de Delmas, de Carrefour-Feuilles, de Solino, de Nazon et d’autres quartiers récemment perdus. Rien. Aucune amélioration. Mais pour l’Inde, les stylos se lèvent. La solidarité s’exprime. Et l’on ose même parler au nom de « tout le peuple haïtien ». Un peuple qui, soit dit en passant, n’a jamais été consulté pour exprimer cette prétendue solidarité internationale.
Peut-être que le Conseil présidentiel espère ainsi être vu. Être reconnu. Exister. Mais soyons lucides : l’Inde n’a rien vu, rien dit, rien répondu. Et probablement, elle ne sait même pas que ce Conseil existe.
Pendant que le Conseil écrit des lettres à l’Inde, Haïti se vide de son sang. Ce geste illustre, de façon accablante, à quel point les autorités haïtiennes sont déconnectées de la douleur du peuple. À travers ce communiqué, elles semblent croire que tout va bien — du moins, de leur côté.
LE REFLET
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