NOULHA sous respiration artificielle : la sortie fracassante de Georges Fils Brignol
- Joel Agoudou
- 20 juin
- 2 min de lecture
Par la rédaction du journal LE REFLET
Port-au-Prince, le 14 juin 2025
Il est des départs qui en disent long sur l’état d’un parti politique. Celui du docteur Georges Fils Brignol, ancien ministre de la Santé publique et ex-responsable des systèmes et services de santé du NOULHA, s’inscrit dans cette logique. Digne, mesuré, mais profondément révélateur, ce retrait marque un tournant dans la trajectoire déjà chaotique du parti Nouvelle Orientation Unifiée pour Libérer Haïti.

Le 15 mai 2025, Georges Fils Brignol a officiellement remis sa lettre de démission au secrétaire général du parti, Dr. Louis Gérald Gilles. Dans cette correspondance, il évoque simplement une volonté de se consacrer à d’autres projets politiques et personnels. Mais derrière cette formule sobre, c’est un véritable cri d’alarme qui se cache. Refusant d’accuser qui que ce soit, Brignol préfère prendre de la hauteur : « Mes idéologies ainsi que mes perspectives professionnelles et politiques m’orientent désormais vers de nouveaux horizons », écrit-il.
Malheureusement, ce geste de courtoisie n’a pas trouvé d’écho. Aucun responsable du parti n’a officiellement accusé réception de sa lettre. Face à ce silence, Brignol s’est vu contraint de publier sa décision sur les groupes WhatsApp internes du NOULHA, concluant par une déclaration aussi ferme que symbolique :
« Je ne suis plus intéressé à parcourir le chemin avec eux. JE SUIS MA ROUTE. »
Son départ sonne comme un électrochoc. Non pas en raison du tumulte qu’il provoque , car le NOULHA semble s’y être habitué , mais parce qu’il vient confirmer ce que beaucoup chuchotaient déjà : le parti est en état de décomposition avancée.
À ce jour, NOULHA ne possède aucun siège social clairement établi. L’adresse mentionnée dans ses correspondances est qualifiée de fictive. Plusieurs cadres se désengagent silencieusement, certains créent leurs propres structures politiques sans même officialiser leur départ. À l’intérieur, les divisions s’accentuent, les conflits d’intérêt explosent, et la confiance s’effondre. Les promesses non tenues, l’absence de vision, la lutte pour l’influence, tout concourt à une implosion inévitable.
Dans ce chaos, Georges Fils Brignol apparaissait comme l’un des derniers piliers rationnels. Compétent, respecté, modéré, il incarnait une certaine rigueur dans un environnement de plus en plus instable. Son départ n’est donc pas seulement une perte individuelle, mais une défaite collective pour un parti qui peine à conserver ses meilleures ressources.
Plus grave encore : cette démission publique montre à quel point les mécanismes internes du NOULHA sont dysfonctionnels. Lorsqu’un cadre de haut niveau ne peut même pas remettre officiellement sa lettre sans être ignoré, c’est tout le système qui pose question.
Ce n’est pas Brignol qui abandonne le NOULHA. C’est NOULHA qui s’enlise et perd chaque jour un peu plus ce qui faisait sa force : la crédibilité.
Et pendant que certains persistent à faire semblant, la réalité s’impose : le parti ne respire plus que par réflexe. Sous respiration artificielle, il survit plus qu’il ne vit. Jusqu’à quand ?
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