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Normil Rameau à la croisée des chemins : entre soutien politique et légitimité populaire

Par Joel AGOUDOU


Port-au-Prince, 27 avril 2025 – Le directeur général de la Police nationale d’Haïti (DGPNH), Normil Rameau, est aujourd’hui à la croisée des chemins. Pris dans une tempête politique orchestrée au sein du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), il doit faire un choix décisif : s’assurer l’appui de certains membres influents du Conseil, ou se tourner vers une force citoyenne grandissante, notamment les brigades populaires de Canapé-Vert, qui lui offrent un relais de légitimité.



Une réunion marathon de plus de cinq heures s’est récemment tenue au sein du CPT. Au cœur des débats : sa révocation. Selon des sources bien placées, cette question aurait mobilisé plus d’une journée entière de tractations. Quatre membres du Conseil — Smith Augustin, Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Laurent Saint-Cyr — réclament ouvertement son départ. Ils ont posé un ultimatum : soit les membres perçus comme proches du DG choisissent un remplaçant, soit Edgar Leblanc Fils, président du Conseil, tranchera seul.


Mais Normil Rameau ne se laisse pas démonter. Malgré les critiques, il demeure ferme dans sa mission. Mieux encore, il vient de mettre sur pied une nouvelle unité d’élite chargée de reconquérir les quartiers sous le contrôle des gangs. Une réponse concrète, mais aussi symbolique : celle d’un homme qui choisit d’agir, pendant que d’autres politisent la sécurité publique.


Et s’il perd l’appui politique ? Une autre option se dessine : s’ancrer dans la rue, là où les habitants de Canapé-Vert et d’autres zones stratégiques voient en lui un chef de guerre face à l’inaction et à la peur. Dans ces quartiers, les brigades citoyennes pourraient bien devenir ses nouveaux alliés, dans une alliance tacite entre l’État délaissé et une population en quête de protection.


Rameau peut donc encore jouer une dernière carte. Mais elle exige lucidité et audace : soit le compromis avec les salons feutrés du pouvoir, soit l’adhésion populaire dans les zones de tension. Entre légitimité institutionnelle et légitimité populaire, l’homme devra choisir.


Dans un pays où les lignes de pouvoir sont mouvantes, c’est peut-être dans les ruelles de Canapé-Vert que se décidera l’avenir du chef de la police.


Joel AGOUDOU, chroniqueur politique et témoin attentif des secousses de notre République.

 
 
 

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