MAST et Défense : des ministères éclaboussés par de graves soupçons de corruption
- Joel Agoudou
- 3 juin
- 2 min de lecture
La corruption continue de ronger les fondements de l’administration publique haïtienne. Dans une correspondance adressée au directeur général de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), Hans Joseph, plusieurs organisations de défense des droits humains dénoncent des pratiques opaques et préoccupantes au sein du Ministère des Affaires Sociales et du Travail (MAST), ainsi qu’au Ministère de la Défense.

Parmi les signataires figurent Droit et la Vie Humaine (DVH), le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), LHDH 2007, et d’autres structures de la société civile. Ces organisations tirent la sonnette d’alarme face à ce qu’elles qualifient de « dérives administratives graves et répétées », témoignant d’un dysfonctionnement systémique.
Subventions publiques sans traçabilité au MAST
Les griefs portent notamment sur un manque criant de transparence dans la gestion des subventions publiques allouées par le MAST. Le programme de transfert d’argent MonCash, censé faciliter la rentrée scolaire de milliers d’enfants à travers un partenariat avec Digicel, est pointé du doigt. Des versements de 20 000 gourdes auraient été effectués au profit de bénéficiaires non identifiés, sans qu’aucune information officielle ne soit fournie sur les critères d’attribution ni sur la destination réelle des fonds.
Dans une lettre en date du 21 mai 2025, les organisations avaient demandé des explications au ministre Georges Wilbert Franck. Faute de réponse dans le délai imparti de huit jours, elles ont saisi l’ULCC, exhortant l’institution à ouvrir une enquête formelle et indépendante.
Débit illégal et achats douteux au Ministère de la Défense
Les accusations ne s’arrêtent pas là. Le document transmis à l’ULCC évoque également des cas présumés de détournements de fonds au Ministère de la Défense, impliquant des proches collaborateurs du ministre Jean-Michel Moïse, de son directeur de cabinet Emmanuel Paul, et de l’administrateur Nobert Chéry.
Selon les informations recueillies, certains employés auraient reçu des sommes exorbitantes par le biais de cartes de débit, sans aucun rapport avec leur salaire officiel. Exemple frappant : une salariée dont la rémunération mensuelle s’élève à 36 500 gourdes aurait perçu au total plus de 528 000 gourdes sur sa carte. Les ONG dénoncent un possible système de prête-noms utilisé pour détourner des fonds, avec redistribution des sommes à des cadres du ministère.
Autre élément troublant : 25 véhicules auraient été achetés par le ministère, mais seulement 10 auraient effectivement été livrés, sans justification ni documentation probante. Cette incohérence soulève de vives inquiétudes quant à la destination réelle des fonds publics.
Appel à l’action urgente
Les organisations signataires se disent prêtes à collaborer pleinement avec les autorités compétentes afin de faire toute la lumière sur ces soupçons accablants. Elles appellent l’ULCC à « agir sans délai », insistant sur l’urgence d’établir les responsabilités et de mettre fin à l’impunité.
Dans un pays plongé dans la misère et l’insécurité, ces scandales à répétition sont perçus comme un affront à la population. La société civile exige des institutions une gestion transparente, éthique et responsable des deniers publics, au service exclusif du bien commun.
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