Haïti écrase la scène à CARIFESTA : un raz-de-marée culturel
- Joel Agoudou
- il y a 1 jour
- 2 min de lecture
Par Le Reflet
Bridgetown, 31 août 2025 – Haïti n’a pas seulement participé à CARIFESTA XV. Elle l’a dominé. Elle l’a transcendé. Elle l’a marqué au fer rouge.
Deux performances ont suffi à imposer ce que l’on nomme désormais la « Délégation Lumière », pensée et organisée avec vision par le ministre du Tourisme, John Herrick Dessources.
Dans une Barbade vibrante, saturée d’offres artistiques venues de toute la Caraïbe, c’est Haïti qui a frappé le plus fort, éclipsant, par son intensité, toutes les autres scènes.

Quand le vodou devient raz-de-marée
Le 30 août au Grand Market, deux rendez-vous mémorables ont bouleversé Bridgetown.
À 13h, Joël Akoustik et Nanm Vodou A ont livré un récital mystique d’une rare intensité, suspendant l’auditoire à leurs voix envoûtantes.
Puis, à 18h, la tempête culturelle a pris toute son ampleur. Erol Josué, 21 Nanchon et les Neges Fla Vodou ont fusionné chants, danses et théâtre dans une fresque magistrale. Ovations, salles combles, standing ovations : l’extase collective.
À travers ces spectacles, le vodou s’est imposé non comme folklore, mais comme colonne vertébrale de l’identité haïtienne. Une parole vivante, universelle, capable de bouleverser bien au-delà des frontières.
Une délégation restreinte, mais conquérante
La Délégation Lumière n’était pas pléthorique. Mais dans sa sobriété, elle a incarné l’excellence. La stratégie était claire : privilégier la qualité sur la quantité. Pari gagné. Là où d’autres délégations ont dispersé leurs forces, Haïti a concentré sa puissance créative dans deux explosions artistiques qui resteront gravées dans l’histoire du festival.
Un leadership politique affirmé
Le ministre John Herrick Dessources a salué la prestation comme « triomphale, saisissante et sublime ». Mais au-delà des mots, il faut souligner la vision qui a guidé l’envoi de cette délégation.
Avec des moyens modestes — une dépense de 100 000 gourdes seulement — l’État a transformé un geste diplomatique en triomphe culturel.
C’est là une leçon d’organisation et de leadership, qui contraste fortement avec nos failles habituelles.
Étrangers émus, Haïtiens fiers
Les spectateurs caribéens et internationaux en témoignent.
« Nous avons vibré avec Haïti », confiait une journaliste barbadienne, émue aux larmes après le spectacle du 30 août.
« Une expérience spirituelle inoubliable », ajoutait un spectateur trinidadien.
Dimanche 31 août, lorsque les tambours haïtiens cesseront de résonner, beaucoup quitteront Bridgetown avec amertume, conscients qu’après le départ d’Haïti, le festival aura perdu son intensité.
De Bois Caïman à Bridgetown
Difficile de ne pas penser au 14 août 1791, à la cérémonie de Bois Caïman, qui alluma l’étincelle de la Révolution haïtienne.
À Bridgetown, le 30 août 2025, c’est une cérémonie d’un autre ordre qui s’est jouée. Sur le plan culturel, Haïti a rallumé le flambeau de sa grandeur.
Là où Bois Caïman a semé la liberté, Bridgetown a semé la reconnaissance culturelle internationale.
Conclusion : une leçon de grandeur
CARIFESTA XV retiendra qu’Haïti n’a pas seulement été présente. Elle a imposé la cadence, montré la voie, élevé le niveau.
La Délégation Lumière a prouvé que, malgré nos blessures, nous demeurons capables de grandeur.
Quand les tambours se sont tus, une certitude s’est imposée : Haïti reste et restera l’épicentre culturel de la Caraïbe.
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