Haïti suffoque, mais l’État dépense : l’ANFOS dénonce l’aveuglement politique
- Joel Agoudou
- 19 juil.
- 2 min de lecture
Port-au-Prince, 16 juillet 2025 - Alors que le pays traverse une crise multidimensionnelle d’une gravité exceptionnelle, une voix s’élève pour dénoncer l’indécence du moment. Dans une lettre ouverte adressée au Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et au gouvernement, l’Alliance Nationale des Forces Organisées et Solidaires pour Haïti (ANFOS) fustige l’acharnement des autorités à dépenser des fonds publics pour un référendum et des élections jugés irréalistes et inopportuns.

À l’heure où Haïti compte 1,3 million de déplacés internes, plus de 5 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire, et trois départements livrés aux violences de groupes armés, l’organisation dénonce des décaissements massifs de ressources dans un processus politique déconnecté de la réalité.
« Cela doit cesser dans l’intérêt d’une population meurtrie et d’un territoire profondément fragilisé », écrit fermement l’ANFOS.
Une dérive politique hors-la-loi
Pour ANFOS, ces manœuvres ne relèvent pas seulement d’un mauvais choix stratégique : elles constituent une violation flagrante de la loi. L’avant-projet de Constitution, en cours d’élaboration sans consultation véritable ni transparence, va à l’encontre de l’article 284.3 de la Constitution de 1987, qui interdit explicitement toute réforme constitutionnelle par voie de référendum.
« Les membres du CPT ont prêté serment sur cette Constitution. En bafouant cet article, ils trahissent cet engagement », souligne l’organisation.
Dès lors, toute dépense publique dans ce processus est considérée comme illégitime et irresponsable, et pourrait exposer les institutions concernées à des demandes de reddition de comptes.
Des priorités inversées
L’ANFOS appelle à un recentrage immédiat des actions gouvernementales sur les urgences vitales du pays. Elle formule trois demandes claires :
1. L’arrêt immédiat de toutes les dépenses liées au référendum et à l’organisation d’élections dans les conditions actuelles ;
2. La réorientation des fonds publics vers la sécurité, l’aide humanitaire et la réinstallation des déplacés ;
3. Une transparence totale sur les montants déjà engagés ou planifiés pour les projets électoraux et constitutionnels.
Pas de démocratie sans sécurité ni dignité
Dans son appel, l’organisation rappelle une vérité simple : on ne bâtit pas une démocratie sur les ruines d’un pays à feu et à sang. Ce dont Haïti a besoin aujourd’hui, ce n’est pas d’illusions électorales ni de bricolages constitutionnels, mais de justice, de sécurité, de stabilité et de vérité.
« Haïti n’a pas besoin de faux-semblants démocratiques ni de mascarades constitutionnelles », affirme l’ANFOS.
L’organisation conclut en se disant prête à dialoguer, mais avertit : les dirigeants devront rendre compte, tôt ou tard, de leurs décisions face au peuple et à l’Histoire.







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