Haïti sidérée : la mairie de Carrefour dévalisée par les bandits
- Joel Agoudou
- 20 sept.
- 2 min de lecture
Port-au-Prince, le 20 septembre 2025 – Coup de tonnerre à Carrefour. Dans la nuit du 19 au 20 septembre, des hommes lourdement armés, identifiés comme membres du regroupement criminel Viv Ansanm, ont pris d’assaut la mairie de la commune. Les assaillants ont forcé les portes, saccagé les bureaux, détruit du matériel et emporté archives ainsi que biens publics. Carrefour, l’une des plus grandes communes de l’aire métropolitaine, se retrouve une fois de plus livrée à l’arbitraire des gangs, sous le regard impuissant de l’État.

Une démission prémonitoire
Cet acte spectaculaire confirme les mises en garde de l’ex-maire Jude Édouard Pierre, qui avait remis sa démission le 27 janvier dernier. Dans sa lettre officielle, il dénonçait l’absence totale de policiers affectés à Carrefour et rejetait catégoriquement toute idée de négociation avec des criminels armés. Ce geste, perçu à l’époque comme une décision radicale, apparaît aujourd’hui comme une démonstration de lucidité et de courage politique. En quittant ses fonctions, Jude Édouard avait tiré la sonnette d’alarme sur le destin incertain de sa commune.
Dikini 63 sous occupation
Dans le quartier de Dikini 63, le contrôle appartient désormais à un chef de gang connu sous le nom de Jeff. Ses hommes dictent la loi, imposent des barrages, rançonnent les habitants et sèment la terreur. Les familles vivent cloîtrées, les commerces s’éteignent et les écoles peinent à fonctionner. Carrefour, jadis un pôle économique et social vital, se vide peu à peu de ses habitants, poussés à l’exil ou contraints au silence.
La mairie, symbole effacé
L’assaut contre la mairie va bien au-delà d’un simple pillage. Il représente l’effacement brutal de l’autorité publique. Les employés municipaux, traumatisés, n’osent plus reprendre leurs activités. Pour beaucoup, cet acte est une humiliation collective, marquant la disparition d’une institution censée protéger et servir la population.
À l’heure où Carrefour s’enfonce dans le chaos, aucune déclaration officielle n’a été faite par le gouvernement ni par la Police nationale. La population, elle, se sent abandonnée et livrée à son sort.
« Nou pa gen majistra, nou pa gen lapolis, se bandi k’ap fè lalwa », témoigne un habitant de Lamentin, qui envisage de quitter la commune avec sa famille.
Une menace nationale
Au-delà du drame local, la situation de Carrefour a une portée nationale. Sa position géographique stratégique, reliant la capitale aux départements du Sud, fait de sa prise de contrôle par les gangs une menace directe pour la stabilité du pays. La chute de la mairie n’est pas qu’un symbole : c’est le signe tangible de l’effondrement des institutions haïtiennes face à l’avancée des groupes armés.







Commentaires