Haïti : Quand la société civile ose enfin reprendre la sécurité en main
- Joel Agoudou
- 24 nov.
- 2 min de lecture
ÉDITORIAL — Le Reflet
En Haïti, les initiatives naissent, s’essoufflent ou disparaissent souvent sans laisser d’empreinte. Mais l’apparition de l’Association Haïtienne de Gestionnaires de Police et de la Sécurité (AHGEPOS) se distingue nettement de ce schéma. Discrète dans sa forme, ambitieuse dans son fond, cette structure portée par des professionnels du secteur pourrait bien annoncer un tournant rare dans la gouvernance sécuritaire du pays.

Dans une nation éprouvée par l’insécurité, voir des acteurs expérimentés s’unir autour de valeurs comme l’intégrité, l’engagement et l’unité relève presque de l’exception. L’AHGEPOS n’est pas seulement une organisation de plus : c’est l’expression d’une maturité collective, celle d’hommes et de femmes décidés à replacer la sécurité nationale dans un cadre technique, responsable et indépendant.
Son caractère apolitique, clairement affirmé, constitue déjà une forme d’audace. En Haïti, choisir l’autonomie, c’est refuser l’emprise d’intérêts partisans pour défendre exclusivement l’intérêt public. Le conseil d’administration — dirigé par Francène Moreau, épaulé par Frantz Lerebours, Jackson Hilaire, Marjorie Saint Jean, Ghiselene Désiré, Jean-Yonel Trécile et Inodet Merisier — incarne cette volonté de moderniser la culture du leadership sécuritaire.
Leur vision est limpide : professionnaliser les forces, analyser les enjeux, former les cadres, proposer des solutions concrètes. En somme, élever les standards.
Alors que la violence fragilise durablement la société et que les institutions peinent à regagner leur autorité, l’AHGEPOS choisit de créer un espace de réflexion rigoureux, capable de produire des idées structurantes et applicables. Une manière de rappeler que la sécurité ne se proclame pas, elle se construit, patiemment et méthodiquement.
Ce que cette association apporte est rare : une démarche cohérente, un sens du devoir, et surtout la volonté d’ouvrir un dialogue constructif avec la société. C’est la preuve qu’au cœur du chaos, certains refusent la résignation et décident d’agir.
Haïti n’a pas seulement besoin de forces ou de moyens. Elle a besoin de structures crédibles, compétentes, capables de penser la sécurité comme un bien commun plutôt qu’un instrument politique. Si l’AHGEPOS parvient à maintenir sa cohérence et son indépendance, elle pourrait devenir l’un de ces acteurs qui, silencieusement mais durablement, influencent le destin d’un pays.
Il existe encore, en Haïti, des femmes et des hommes qui croient au professionnalisme, à la responsabilité et à l’unité.
L’AHGEPOS en est la preuve. Et cela, en soi, est déjà un acte de courage.
— Le Reflet








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