Haïti : Gary Pierre-Paul Charles dénonce l’hypocrisie des politiciens haïtiens
- Joel Agoudou
- 10 juil.
- 2 min de lecture
Le journaliste senior Gary Pierre-Paul Charles a livré une analyse sans détour de la situation politique en Haïti, pointant la responsabilité directe des acteurs politiques dans la crise profonde que traverse le pays. Selon lui, « les politiciens haïtiens ont construit ce chaos » dans lequel le peuple est aujourd’hui plongé.

Il affirme que la classe politique est prisonnière d’une culture du mensonge. « Quand on écoute les politiciens traditionnels, on comprend que le mensonge fait partie intégrante de leur vocabulaire », dit-il, les accusant d’avoir volontairement maintenu la population dans l’ignorance pour mieux la manipuler et conserver le pouvoir.
Il dénonce également l’indifférence face à la banalisation de la violence armée. « Nous sommes devenus habitués aux coups de feu, comme si cela faisait partie de notre quotidien. Il faut se réveiller », alerte-t-il, soulignant que la société haïtienne s’est dangereusement accoutumée à la terreur. Il appelle à une prise de conscience collective et invite les médias à jouer un rôle de transformation sociale, en devenant des outils de révolution citoyenne plutôt que de simples relais passifs de l’élite.
Pour Gary Pierre-Paul Charles, le peuple haïtien est trahi par ceux qui prétendent parler en son nom. « Nous ne sommes pas simplement la voix du peuple, il faut aussi l’écouter. Chaque jour, des gens cherchent à s’exprimer, mais personne ne les entend vraiment », déplore-t-il.
À propos de l’assassinat du président Jovenel Moïse, il estime que la responsabilité dépasse les auteurs matériels du crime. « Ce président a été tué moralement bien avant son assassinat physique. Vous avez menti sur lui, vous l’avez affaibli. Ceux qui ont contribué à cela portent une lourde part de responsabilité dans sa mort », affirme-t-il. Il va plus loin, soulignant que le climat de manipulation et de haine orchestré contre lui a largement préparé le terrain à son exécution.
Il critique sévèrement les négociations autour du Conseil présidentiel de transition (CPT), soutenu par la CARICOM, qu’il perçoit comme une initiative pilotée par les mêmes acteurs responsables de l’effondrement de l’État. Il les accuse d’avoir vidé l’État de son essence républicaine, d’avoir aggravé la crise et de chercher aujourd’hui à maintenir ce désordre.
Face au retour d’anciens dirigeants, il s’interroge : « Ils ont été députés, sénateurs, ministres, Premiers ministres, ambassadeurs… et aujourd’hui, ils reviennent comme s’ils n’avaient jamais échoué ? » Il juge inacceptable que ceux qui ont failli se présentent comme des sauveurs.
Il regrette enfin le manque de courage collectif face aux vérités dérangeantes. « Nous avons construit ce désordre. Ceux qui négocient aujourd’hui le pouvoir sont les mêmes qui, hier, ont détruit l’État. Ils veulent revenir simplement parce qu’ils n’ont pas eu leur part du gâteau », conclut-il. Et de prévenir : sans remise en question réelle du système et de ses acteurs, Haïti restera enfermée dans la même impasse.
LE REFLET







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