Haïti face à l’insécurité : l’heure d’une maturité collective et déterminée
- Joel Agoudou
- il y a 4 jours
- 2 min de lecture
Quand des professionnels choisissent enfin de reconstruire la sécurité nationale autrement

En Haïti, les initiatives naissent, s’essoufflent ou disparaissent sans laisser d’impact durable. L’apparition de l’Association Haïtienne de Gestionnaires de Police et de la Sécurité (AHGEPOS) rompt avec cette routine. Discrète dans sa forme mais ambitieuse dans sa vision, cette structure portée par des professionnels expérimentés pourrait marquer un moment décisif dans la gouvernance sécuritaire du pays.
Dans une nation affaiblie par la violence, voir des experts se rassembler autour de valeurs essentielles comme l’intégrité, la rigueur et le sens du devoir relève presque de l’exception. L’AHGEPOS ne constitue pas une organisation de plus : elle incarne une maturité collective, une volonté affirmée de replacer la sécurité nationale dans un cadre technique, cohérent et véritablement indépendant.
Parmi ses membres fondateurs se trouve Frantz Elbé, ancien directeur général de la Police Nationale d’Haïti. Son expérience, acquise à la tête de l’institution policière durant l’une des périodes les plus instables de notre histoire récente, confère à cette initiative une crédibilité particulière. Son engagement dans l’AHGEPOS traduit le désir de continuer à servir le pays avec une approche plus stratégique, plus analytique et tournée vers la réforme durable.
L’initiative arrive à un moment où l’actuel directeur général a.i. de la PNH s’efforce de stabiliser une institution éprouvée. La mise en relation de l’expérience des anciens dirigeants et de l’action de ceux qui sont aujourd’hui en poste crée une opportunité rare : renforcer les bases de la sécurité nationale grâce à la compétence, la continuité et la cohérence.
L’association revendique une orientation apolitique, un choix audacieux dans un pays où l’indépendance est souvent perçue comme un acte de défi. Ici, cette neutralité devient un engagement ferme à défendre exclusivement l’intérêt général et la sécurité collective.
Le conseil d’administration, dirigé par Francène Moreau et composé de Frantz Lerebours, Jackson Hilaire, Marjorie Saint Jean, Ghiselene Désiré, Jean-Yonel Trécile et Inodet Merisier, s’est fixé une ligne directrice claire : professionnaliser les pratiques, analyser les enjeux, former les cadres et proposer des solutions concrètes. En d’autres termes, élever les standards.
Alors que la violence fragilise profondément la société haïtienne et que les institutions luttent pour restaurer la confiance publique, l’AHGEPOS offre un espace structuré de réflexion et d’action. Car la sécurité ne s’improvise pas : elle se construit patiemment, avec méthode et discipline.
Ce que cette association apporte est rare : cohérence, constance, sens du devoir et volonté d’ouvrir un dialogue constructif avec la société. Elle démontre que, même au cœur de la crise, des femmes et des hommes choisissent encore de croire en la responsabilité, en l’unité et en la compétence.
Haïti n’a pas seulement besoin de forces. Elle a besoin de structures crédibles, capables de considérer la sécurité comme un bien commun plutôt qu’un outil politique. Si l’AHGEPOS maintient sa cohérence et son indépendance, elle pourrait s’imposer comme un acteur discret mais fondamental dans la reconstruction durable du pays.
L’existence d’AHGEPOS prouve qu’en Haïti, l’espoir se construit encore par le professionnalisme et le courage.








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