Haïti en chute libre : plus de 1 500 morts et 1,3 million de déplacés en trois mois, selon l’ONU
- Joel Agoudou
- 1 août
- 3 min de lecture
Dans un nouveau rapport alarmant, le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) dresse un tableau tragique de la situation sécuritaire du pays entre avril et juin 2025 : plus de 1 500 morts, plus d’un million de déplacés, des violences sexuelles massives et une justice paralysée. Le document appelle à une mobilisation urgente de la communauté internationale.

Selon le rapport, 1 520 personnes ont été tuées et 609 blessées au cours du deuxième trimestre 2025. La majorité des victimes (64 %) ont péri lors d’opérations menées par les forces de sécurité haïtiennes, souvent appuyées par des drones explosifs. Les gangs armés sont responsables de 24 % des morts, et les groupes d’autodéfense ou actes de “justice populaire” liés au mouvement Bwa Kalé, de 12 %.
Parmi les tués dans les opérations de sécurité, 36 % ont succombé à des frappes de drones, et 15 % n’étaient affiliés à aucun gang. Les pertes incluent également quatre membres des forces de sécurité et onze blessés.
Le rapport fait état de 73 exécutions extrajudiciaires, dont 46 attribuées à des policiers et 27 au commissaire du gouvernement de Miragoâne. Ces actes s'ajoutent aux exactions des gangs contre les civils. À Wharf Jérémie, le 28 mai, 15 hommes âgés ont été égorgés dans un rituel vaudou présumé, avant que leurs corps ne soient brûlés.
Femmes et enfants, premières cibles
La violence sexuelle s’intensifie : 610 cas de viols collectifs ont été documentés, impliquant 628 victimes, dont 588 femmes et 38 filles. Certaines femmes ont été enlevées dans des transports publics et violées dans des zones sous contrôle de gangs. Plusieurs ont été exécutées après les agressions.
Les enfants ne sont pas épargnés : 26 ont été tués, 7 blessés et 3 garçons enlevés. Le rapport souligne également des cas de recrutement forcé d’enfants soldats.
La violence a provoqué 1,3 million de déplacés internes, dont 53 % d’enfants. C’est une hausse de 24 % par rapport à décembre 2024. La moitié vit chez des familles hôtes, l’autre moitié dans des abris précaires.
À fin juin, 1 606 écoles étaient fermées, particulièrement dans l’Ouest, le Centre et l’Artibonite. L’hôpital universitaire de Mirebalais a fermé temporairement après une attaque armée, accentuant l'effondrement du système de santé.
Une justice affaiblie et des enquêtes au point mort
Aucune avancée significative n’est enregistrée sur les dossiers des massacres de La Saline, Grand-Ravine, Bel-Air, ni sur l’assassinat de l’avocat Monferrier Dorval. Bien que des pôles judiciaires spécialisés aient été créés en avril pour traiter les crimes de masse, ils ne seront opérationnels qu’en octobre.
Actuellement, 130 affaires de violences sexuelles sont en cours d’instruction.
Des procédures judiciaires visent plusieurs anciens responsables, dont l’ex-député Prophane Victor, accusé de financement de gangs. Leurs comptes ont été gelés. Une enquête sur un trafic d’armes impliquant l’Église épiscopale a également été relancée.
Le système carcéral reste à la dérive : 7 163 détenus à fin juin, dont 82 % en détention préventive. Entre avril et juin, 62 prisonniers sont morts, faute de nourriture, de soins et dans des conditions sanitaires déplorables.
Durant le trimestre, plus de 70 personnes ont été sanctionnées par divers pays, et les États-Unis ont désigné les groupes Viv Ansanm et Gran Grif comme organisations terroristes. Cette mesure interdit tout soutien à ces structures criminelles.
Des initiatives communautaires de paix ont été lancées dans les dix départements. Le PBF a permis l'installation de 17 clubs de paix dans les écoles et le soutien à 760 jeunes dans 38 projets locaux. De plus, 28 organisations de droits humains ont été formées à la documentation des violations et à l’intervention humanitaire.
En avril, un atelier sur les conflits fonciers a réuni 58 acteurs clés pour identifier des pistes de solution durable.
Le BINUH exhorte à un déploiement accéléré de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), à un contrôle strict des cargaisons d’armes, et à une protection accrue des populations civiles, notamment des femmes et des enfants.
Le REFLET







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