Fête du Travail : un plaidoyer pour la souveraineté et la réconciliation nationale
- Joel Agoudou
- 3 mai
- 2 min de lecture
À l’occasion de la Fête de l’Agriculture et du Travail, l’organisation Idantite National a réuni divers acteurs de la société haïtienne, ce 1er mai 2025 à l’hôtel El Rancho, pour réfléchir sur l’avenir d’Haïti. L'événement a été l'occasion de lancer un appel solennel à la réconciliation nationale et à la sauvegarde de notre patrimoine culturel.

Autour du thème « An nou youn kore lòt pou mete idantite nou an valè pou nou rive fèt agrikilti ak travay yon jou tout bon vre », l’organisation Idantite National a tenu une importante rencontre à Pétion-Ville. L’objectif : remettre en lumière les valeurs fondatrices du peuple haïtien, dans un contexte de crise profonde.
Le président de l’organisation, Danielo Féquierre, a profité de la tribune pour livrer un discours fort et sans détour. Il a souligné l’importance du mois de mai comme période propice à la mise en terre de semences, tout en rappelant que cette pratique est enracinée dans l’histoire du peuple haïtien depuis plus de deux siècles.
Une agriculture abandonnée
Malgré les avancées technologiques et la croissance démographique, l’agriculture haïtienne reste à la traîne. Danielo Féquierre dénonce l’absence de soutien de l’État et une marginalisation persistante de ce secteur vital. Selon lui, les gouvernements successifs ont trahi l’idéal dessalinien en ignorant les fondements idéologiques et philosophiques de nos ancêtres.
« Haïti est prise en otage par une minorité privilégiée pendant que la majorité vit dans une misère abjecte », a-t-il lancé, appelant les filles et fils du pays, d’ici et d’ailleurs, à une union sacrée à l’image de la cérémonie du Bois-Caïman, le 14 août 1791.
L’urgence d’une conférence nationale
Dans son allocution, M. Féquierre a pointé du doigt les occasions manquées : 1904, 2004, et les grandes révolutions économiques mondiales. Il s’inquiète de l’effondrement imminent du pays, de l’érosion de la mémoire collective et des attaques répétées contre notre patrimoine matériel et immatériel.
Pour lui, l’année 2054, marquant les 250 ans de l’indépendance d’Haïti, doit devenir un tournant historique. Il invite les forces vives à organiser sans délai une conférence nationale souveraine.
« Il faut que nous parlions, que nous admettions nos torts, comme nos ancêtres l’ont fait en 1791. Il est encore temps de doter le pays d’un nouveau projet de société. Agissons maintenant avant qu’il ne soit trop tard. Haïti ne doit pas périr », a-t-il plaidé.
Reconnaissance et interventions symboliques
La journée a également été marquée par les interventions des professeurs Pierre Josué Agénor Cadet et Herold Josué du Bureau National d’Ethnologie, entre autres figures du monde intellectuel.
L’organisation a aussi décerné des plaques d’honneur à plusieurs personnalités et institutions pour leur contribution au développement du pays, dont la société Rhum Barbancourt et le directeur de l’Office National de la Migration (ONM), Jean Négot Bonheur Delva.
Ce rendez-vous du 1er mai, entre mémoire, culture et action, se veut un signal fort pour une Haïti debout, réconciliée avec son histoire et tournée vers l’avenir.
LE REFLET
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