Fête du Drapeau : quand le symbole de l’unité nationale devient une mascarade politique
- Joel Agoudou
- 18 mai
- 2 min de lecture
Ce 18 mai 2025, Haïti célèbre le 222e anniversaire de son drapeau. Une date qui devrait incarner l’unité, la résistance et la fierté d’un peuple. Pourtant, cette année, l’atmosphère est morose. Délocalisée d’Arcahaie — berceau historique du bicolore — au Cap-Haïtien, la cérémonie prend des allures de vitrine politique, orchestrée par un Conseil présidentiel de transition davantage préoccupé par les apparences que par la justice sociale.

400 millions de gourdes dans un pays en détresse
Selon les données disponibles, près de 400 millions de gourdes ont été mobilisées pour les festivités. Une somme vertigineuse dans un pays plongé dans une crise multidimensionnelle : violences armées, déplacements massifs, effondrement des services publics. Dans un tel contexte, ces dépenses suscitent incompréhension et indignation parmi une population qui lutte chaque jour pour survivre.
Un déplacement lourd de symboles
Officiellement motivé par des considérations logistiques et sécuritaires, le choix du Cap-Haïtien comme lieu de commémoration soulève des questions. Écarter Arcahaie, lieu fondateur du drapeau, revient à effacer une part essentielle de la mémoire nationale. Cette décision illustre une tentative d’instrumentalisation des symboles à des fins politiques, au détriment de leur portée collective et historique.
Quand l’État célèbre, le peuple endure
Comment célébrer un drapeau quand tant de citoyens vivent sans abri, sans sécurité, sans espoir ? Tandis que le pays s’enfonce dans le chaos, que les zones de non-droit se multiplient et que les déplacés internes s’accumulent, la mise en scène officielle semble tristement déconnectée des réalités du peuple. Pour beaucoup, brandir le drapeau aujourd’hui est moins un acte de fierté qu’un cri de survie.
Une occasion manquée
Au lieu d’une célébration fastueuse, ce 18 mai aurait pu être un moment de solidarité et d’action : soutien aux déplacés, initiatives éducatives, mobilisation citoyenne. Bref, une fête porteuse de sens. Mais une fois encore, l’apparat a pris le pas sur l’engagement, le spectacle sur l’utilité.
En conclusion
Cette 222e Fête du Drapeau ne laissera pas une empreinte glorieuse. Elle reflète l’état d’un pays en dérive, où les symboles d’unité sont dévoyés au profit d’une mise en scène politique, loin des urgences sociales. Elle consacre le fossé grandissant entre un peuple à bout de souffle et des autorités sourdes à ses cris.
Gesnel Moïse
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