De Dessalines à Zafèm: la récurrence d'un stratagème anti revolutionnaire
- Joel Agoudou
- il y a 3 jours
- 2 min de lecture

Alors qu’Haïti vient de commémorer l’assassinat tragique de Jean-Jacques Dessalines, Père fondateur de la patrie trahi, symbole d’un rêve de dignité brisé, l’actualité culturelle semble offrir une résonnance à ce bicentenaire schéma de trahison. Aujourd’hui, un autre nom s’élève, dans un autre registre mais avec une même portée symbolique : *Zafèm* . Un groupe musical, mais surtout une voix, un souffle, un élan qui dérange. Et comme pour Dessalines en 1806, certains semblent prêts à tout pour faire taire cette révolution. Il faut croire que temps n'atténue pas la métathésiophobie chez nos semblables
Zafèm, avec ses textes engagés, ses mélodies profondes et sa posture artistique affranchie des compromis commerciaux, n’est pas qu’un simple projet musical. C’est un mouvement culturel et identitaire. Le groupe ose parler d’Haïti autrement, sans misérabilisme, sans caricature. Il recentre l’esthétique, la réflexion et la spiritualité dans une industrie trop souvent noyée dans la facilité. A l'évidence ce n’est pas sans conséquence.

Comme Dessalines, avec sa vision quasi divine du socialisme des premières heures, Zafèm dérange avec son esthétisme qui se moque de la ridiculissime, stérile et simpliste formule du "kite konpa mache". Il déplace les lignes. Il donne de la fierté à une jeunesse en mal de profondeur. Il reconnecte la diaspora et les racines. Ce n’est donc pas une surprise que surgissent aujourd’hui des attaques, des manœuvres juridiques, des litiges autour du nom même du groupe. Ce qu’on tente ici, c’est peut-être symboliquement de « tuer le nom », comme on a tué Dessalines pour arrêter le mouvement.

L’assassinat de Dessalines n’était pas seulement une élimination physique. C’était un acte politique et symbolique : détruire l’homme pour arrêter le rêve. L’empêcher de construire une nation réellement souveraine, noire, unie, anticoloniale. Aujourd’hui, les armes sont différentes, mais les méthodes restent étrangement les mêmes : tentatives de discrédit, désinformation, et surtout l’isolement m. Les acteurs sont peut être modernes mais ils portent les mêmes costumes de fossoyeur.
On cherche à faire douter, à diviser, à fragiliser. Derrière un banal conflit de trademark, c’est toute la logique d’asphyxie des forces de l'innovation qui se rejoue. Le groupe est seulement coupable d'avoir réveillé les consciences dans une industrie souvent dominée par l’oubli et le superficiel.
L’histoire nous apprend heureusement aussi que les idées survivent aux coups mesquins. Comme Dessalines, Zafèm puise sa force dans un ancrage populaire. Leur musique parle à ceux qui n’ont pas de micro, pas de télévision, mais une mémoire. Une mémoire qui se souvient que chaque fois qu’un rêve est né en Haïti, des puissances visibles et invisibles ont tenté de l’étouffer. Disons leur avec tout le Dessalinisme que ça requiert: cette fois ça ne passera pas, "sak pase nan vèy la pap pase nan antèman".
Negr'Orangé








Commentaires