D’icône de la résistance à victime de la violence : l’histoire de Ti Wil, l’homme qui a marqué l’Artibonite
- Joel Agoudou
- 16 sept.
- 2 min de lecture
Gonaïves, septembre 2025 – L’assassinat de Wilfort Ferdinand, surnommé « Ti Wil », a secoué Gonaïves et toute l’Artibonite. Mais derrière ce drame se cache l’histoire d’un homme qui a incarné à la fois la résistance, le pouvoir local et les tensions de sa région.

Un leader forgé par la crise politique
Originaire de Gonaïves, Ti Wil s’est imposé au début des années 2000 comme l’un des principaux chefs du Front de Résistance de l’Artibonite, mouvement armé né de frustrations sociales et de l’absence de l’État. Il a joué un rôle clé dans la chute du président Jean-Bertrand Aristide en 2004, période où Gonaïves était le théâtre de contestations violentes et de confrontations armées.

Pour certains habitants, Ti Wil représentait un défenseur du peuple, un leader capable de tenir tête aux autorités. Pour d’autres, il incarnait un chef de bande controversé, mêlé à des règlements de comptes et à des conflits armés. Cette ambivalence reflète les dilemmes de l’histoire récente d’Haïti, où les figures de « résistance » naviguent souvent entre héroïsme et violence.

La terre au cœur des rivalités
Au-delà de son rôle politique, Ti Wil s’était impliqué dans des litiges fonciers anciens, notamment dans le quartier de Kanal Bwa/Labadie, où il soutenait la famille Anoux, revendiquant près de 939 carreaux de terre. La possession de la terre, symbole de pouvoir et de richesse, reste une source majeure de conflits meurtriers en Artibonite et en Haïti.
La mort de Ti Wil marque la fin d’une époque et laisse un vide dans la région. Qui prendra sa place ? Cette question plane sur l’Artibonite, où les tensions risquent de s’accentuer, amplifiant le cycle de violences et de rivalités locales.
Gonaïves, du berceau de la liberté au théâtre de la tragédie
Ironie de l’histoire : Gonaïves, ville où fut proclamée l’indépendance d’Haïti le 1er janvier 1804, reste aujourd’hui le théâtre de violences et de conflits sanglants. L’héritage de Ti Wil illustre cette dualité : entre histoire, résistance et tragédie, son nom restera gravé dans la mémoire collective de l’Artibonite.
Joël AGOUDOU







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