Commerce frontalier : une manne pour les gangs haïtiens
- Joel Agoudou
- 1 mai
- 2 min de lecture
Alors que la violence continue de ravager Haïti, les gangs armés profiteraient du commerce transfrontalier avec la République dominicaine pour empocher entre 60 et 100 millions de dollars par an. C’est ce qu’a révélé le ministre de l’Économie et des Finances, Alfred Métellus, dans une interview accordée à la radio Magik9 le 29 avril 2025.

Selon lui, les chefs de gangs imposent une taxe illégale pouvant atteindre 2 000 dollars par conteneur entrant en Haïti, notamment par des postes frontaliers comme celui de Malpasse. Avec près de 3 000 conteneurs par mois, ces prélèvements clandestins génèrent des dizaines de millions de dollars pour ces groupes armés.
« Il y a plus d’argent qui va à la criminalité qu’à la police. Si nous voulons lutter contre l’insécurité, nous devons agir », a martelé le ministre.
Il a dénoncé un déséquilibre inquiétant : les ressources financières captées par les gangs dépasseraient celles allouées à la Police nationale d’Haïti (PNH). Il appelle à des actions urgentes pour couper les circuits financiers qui nourrissent l’insécurité.
Le ministre a également pointé du doigt la faiblesse des contrôles douaniers, qui facilite l’entrée d’armes et de munitions sur le territoire. Il a toutefois insisté sur la nécessité de ne pas entraver le commerce légal, mais de stopper les flux illicites qui alimentent la violence et la déstabilisation du pays.
Cette alerte intervient dans un contexte de crise aiguë : des communes entières, telles que Saut-d’Eau et Mirebalais, sont déjà tombées sous la coupe des gangs, tandis que Petite-Rivière de l’Artibonite est à son tour menacée. Forts de leur autonomie financière tirée du commerce frontalier et d’autres trafics, ces groupes armés semblent déterminés à étendre leur emprise territoriale.
Pendant ce temps, le Conseil présidentiel de transition (CPT) se limite à publier des communiqués, sans prendre de mesures concrètes pour freiner l’ascension de cette puissance criminelle qui défie ouvertement l’autorité de l’État.
LE REFLET
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