Bois Caïman en ligne de mire : la privatisation d’un symbole national fait scandale
- Joel Agoudou
- 22 juil.
- 2 min de lecture
Cap-Haïtien, 22 juillet 2025 -Ce n’est plus un simple murmure, c’est un cri. Un cri venu du Nord, de la terre sacrée de Bois Caïman, berceau de la révolution haïtienne. À l’approche du 234e anniversaire de la cérémonie fondatrice, un projet controversé du ministère de la Culture fait grincer des dents.

Dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre Alix Didier Fils Aimé et aux conseillers présidentiels Fritz Jean et Emmanuel Vertilaire, des habitants et gardiens de la mémoire dénoncent une tentative de privatisation déguisée du site historique.
Derrière la célébration, une opération de confiscation ?
Au cœur de la tempête : Gary Denis, directeur général du ministère de la Culture. Selon les signataires, son projet, présenté sous couvert de valorisation culturelle, vise à :
Intégrer Bois Caïman à la « Route de l’Esclave » à travers des festivités à visée touristique et lucrative ;
Écarter les acteurs locaux pour remettre la gestion du site à Carole Demesmin, dans une logique de contrôle privé.
Une initiative qui, selon les communautés locales, se fait sans concertation, sans transparence, et contre la volonté de ceux qui protègent ce lieu depuis des décennies.
« Bois Caïman n’est pas à vendre. Bois Caïman n’est pas un commerce. Bois Caïman est le cœur battant de notre dignité. »
Tensions sur le terrain
La colère monte. La population est en état de mobilisation. Pour les signataires, ce projet représente une trahison mémorielle. Les mots sont forts, lourds de sens :
« Si rien n’est fait, le sang pourrait couler. »
Un avertissement clair : l’histoire ne peut être exploitée comme un business. Pas à Bois Caïman.
Trois demandes claires
Les gardiens de la mémoire exigent :
1. La suspension immédiate du projet de Gary Denis ;
2. L’intégration pleine et entière des habitants dans toute structure de gestion ;
3. La garantie que le site reste public, sacré et librement accessible.
Dans une époque où l’on transforme trop souvent les lieux de mémoire en attractions touristiques, cette mobilisation remet les pendules à l’heure. Bois Caïman n’est pas un décor, c’est un symbole. Ce n’est pas un produit, c’est un pacte entre générations.
« L’histoire vous regarde. Le peuple vous observe. Et la mémoire de nos ancêtres exige que vous agissiez avec courage et justice. »
Et maintenant, que faire ?
Jusqu’où ira la marchandisation de notre histoire ?
Pourquoi les communautés locales sont-elles toujours mises à l’écart ?
Ce projet sert-il vraiment la mémoire nationale ou des intérêts particuliers ?
Est-il temps de rafraîchir certaines directions déconnectées des réalités du pays ?
Bois Caïman appartient à Haïti. Il ne sera pas livré à l’avidité.
Signataires :
Les gardiens de la mémoire
Les familles du Nord en résistance
Comité citoyen pour la souveraineté culturelle
Élienor Jean Jacques
Lynn Marcel
Jean Luc Adrien
Naken Jean Alce
Familles Jean Raymond, Étienne et Paul dépositaires du site depuis 22 ans







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