Aéroport du Cap-Haïtien : le cauchemar silencieux des passagers haïtiens
- Joel Agoudou
- 30 mai
- 2 min de lecture
Cap-Haïtien, 30 mai 2025 , Ce qui devrait être un lieu de transit sécurisé et digne est devenu, selon de nombreux témoignages, un véritable point noir pour les voyageurs. L’aéroport international du Cap-Haïtien est aujourd’hui au cœur d’un scandale grandissant : des vols récurrents, commis à l’intérieur même de ses installations, visent les bagages des passagers, dans une ambiance d’indifférence totale des autorités.

Dans une lettre ouverte largement relayée sur les réseaux sociaux, un passager victime de ces pratiques s’exprime au nom de nombreux autres voyageurs. Il dénonce un système de vol organisé, toléré depuis des mois, malgré les plaintes déposées auprès de la direction de l’aéroport, de la douane et de la compagnie aérienne Sunrise Airways.
« Ce n’est plus un incident isolé. C’est un réseau organisé. Et tout le monde semble le savoir », écrit-il.
Les objets subtilisés ne relèvent pas de simples oublis : bijoux, vêtements de marque, téléphones portables, appareils électroniques, caméras professionnelles. Plusieurs passagers affirment avoir retrouvé leurs valises éventrées ou vidées de leur contenu, sans explication, sans assistance, et sans possibilité de recours.
Les auteurs présumés seraient des employés affectés à la gestion des bagages et au contrôle douanier. Ces actes, selon la lettre, perdurent depuis longtemps, sans la moindre sanction, dans ce qui ressemble à une structure de vol bien huilée opérant en toute impunité.
Le passager pointe plusieurs acteurs du doigt :
Le directeur de l’aéroport, accusé de passivité malgré les multiples signalements.
Des agents de la douane, accusés de laisser-faire, voire de complicité.
La compagnie Sunrise Airways, unique opérateur sur la ligne Miami–Cap-Haïtien, dénoncée pour son silence.
L’Office National de l’Aviation Civile (OFNAC), qui n’a toujours pas pris position publiquement.
Pire encore, aucune caméra de surveillance ne semble couvrir les zones sensibles de l’aéroport, ce qui empêche toute traçabilité et renforce le sentiment d’impunité.
La lettre appelle à une série de mesures concrètes :
La révocation du directeur de l’aéroport, jugé incompétent ou complice.
Une réforme de la douane, avec des mécanismes de contrôle renforcés.
L’installation immédiate de caméras de surveillance dans toutes les zones stratégiques.
L’ouverture d’une enquête criminelle par la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ).
La saisine d’office du Commissaire du gouvernement, pour lancer des poursuites judiciaires.
Au-delà des pertes matérielles, ce scandale soulève une crise de confiance profonde. Les membres de la diaspora souvent les plus touchés investissent dans leur voyage vers Haïti avec des dons, des marchandises ou des équipements destinés à leurs proches. Leurs efforts sont anéantis à l’arrivée, dans une insécurité totale.
Pour beaucoup, l’aéroport du Cap-Haïtien n’est plus un point d’entrée, mais un piège où l’on est dépouillé sans recours, sous les yeux fermés des institutions.
Vers une mobilisation nationale ?
Des voix commencent à s’élever dans la société civile pour réclamer une réforme urgente de la gestion aéroportuaire en Haïti. Car laisser perdurer cette situation, c’est accepter que les infrastructures du pays deviennent des zones de non-droit, où les citoyens même ceux qui reviennent servir leur pays ne sont plus protégés.
Le temps est venu d’agir. Pour les passagers. Pour la justice. Pour l’image d’Haïti.
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