États-Unis – Justice : un ex-missionnaire américain condamné à 210 ans de prison pour abus sexuels en Haïti

Le fondateur de l’orphelinat haïtien « St. Joseph’s Home for Boys », Michael Karl Geilenfeld, un ancien missionnaire américain, a été condamné le vendredi 23 mai 2025 à 210 ans de prison par un tribunal fédéral de Miami. Le juge David Leibowitz, visiblement ému par les témoignages accablants des victimes, a prononcé une sentence exemplaire à l’encontre de l’homme de 73 ans, reconnu coupable de multiples abus sexuels sur des mineurs haïtiens pendant plus de trente ans.

Dix anciens pensionnaires de l’établissement ont livré à la barre des récits bouleversants, évoquant les sévices subis et dénonçant l’hypocrisie d’un homme qui se faisait passer pour un bienfaiteur, mais qu’ils décrivent aujourd’hui comme un « psychopathe diabolique ».

« C’est un prédateur qui a méthodiquement exploité la détresse et la vulnérabilité d’enfants haïtiens », a déclaré le juge Leibowitz. Geilenfeld promettait éducation, soins et voyages à ses victimes pour mieux les piéger, avant de les soumettre à des violences sexuelles, physiques et psychologiques. Plusieurs enfants avaient tenté de briser le silence, en vain, muselés par la peur, la corruption ou l’impunité.

Malgré des accusations datant des années 1980, Geilenfeld avait échappé à la justice pendant des décennies, protégé par des procès en diffamation, des appuis politiques et un réseau d’influence, incluant même un soutien indirect de l’ambassade des États-Unis. Il avait fui en République dominicaine, avant d’être arrêté en 2024 dans le Colorado, à la suite d’une enquête conjointe du FBI et du Département de la sécurité intérieure.

Le procès, qui s’est déroulé sur trois semaines, a permis aux victimes de faire entendre leur voix après des années de silence et de douleur. Saluant leur courage, le juge a conclu : « Il ne vous a pas vaincus. Vous l’avez vaincu. »

Cette affaire, qualifiée de « pire des pires », relance le débat sur l’encadrement des organisations humanitaires étrangères en Haïti et met en lumière la force de résilience d’anciens enfants brisés, devenus aujourd’hui des survivants déterminés à faire triompher la vérité.

LE REFLET